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Elégie

chorégraphie Olivier Dubois
assistant artistique Cyril Accorsi
remontage Julien Ramade
musique François Caffenne, Richard Wagner Elégie WWV 93 en la bémol
création lumière Patrick Riou
pièce créée le 28 août 2013 pour le Ballet National de Marseille.

«Une complainte, le chant endeuillé de l’Ange – créature mélancolique, « garant du plus haut degré de réalité de l’invisible ». C’est l’expérience de la création… Je – abîmé !
Apprivoiser ce magma sombre. Rien. Béance ou survivance sauvage, je suis la victime de mon propre couteau, j’ouvre la plaie et regarde mon monde s’inonder.
Je suis l’Ange engendré, déversé puis renversé, englouti par cette nuit qui étend sur toutes choses ses ténèbres.
Je l’aperçois, là, comme une tentative de dialogue en survie, un sursis… tel le vertige d’un horizon azimuté, le désaxé, l’artiste confronté à l’axe de sa mortalité, de sa finitude humaine.»
Olivier Dubois

Le chorégraphe convoque sur scène un être solitaire, à demi-nu, dans un clair-obscur qui évoque les grands peintres du romantisme noir tels que Caspar Friedrich ou Goya, laissant se déployer les puissances de l’imaginaire et du songe. Confrontée aux anges ténébreux, danseurs vêtus de noir et à peine visibles, qui apparaissent et disparaissent, le menacent ou le portent, la silhouette rampe, lutte, se contorsionne, semble voler, émerge de la nuit puis y est engloutie dans des images subliminales. Dans ce tableau vivant, le mouvement est rythmé par la partition électronique sourde de François Caffenne qui mêle les bruits de la pluie et de l’orage, avant d’accorder un léger moment d’apaisement avec un extrait au piano de l’Élégie de Richard Wagner.

Le chorégraphe oppose ainsi l’individu à une autre force, enfer, gouffre, magma humain qu’il lui faut apprivoiser, comme la pièce l’apprivoise, habituant peu à peu les yeux à discerner les formes dans l’obscurité.

Traversée mélancolique et hypnotique, Olivier Dubois livre avec «Élégie» une pièce puissante, qui semble dire une nouvelle fois que ce qui fait l’humanité est sa capacité à se révolter, à se rebiffer, à ressusciter encore et toujours, corps dressés contre les puissances enveloppantes des ténèbres.

Choré gra phe