The feels
Chorégraphie : Theo Clinkard
Dramaturge : Leah Marojević
Costumes : Marion Schmid
Lumières : Arnaud Viala
Création pour le Ballet Junior Genève, première le 23 mars 2018
Theo Clinkard, chorégraphe anglais dont le travail est inédit en Suisse, collabore pour la première fois avec le Ballet Junior. En 2015, il a justement signé une pièce pour le Tanztheater Wuppertal Pina Bausch à l’occasion de la première soirée où la compagnie s’ouvrait à d’autres chorégraphes que sa fondatrice.
Questions à Theo Clinkard lors dela création de The Feels:
Votre art chorégraphique travaille les émotions. Comment parvenez-vous
à rendre visible ces éléments à priori insaisissables ?
Comment rendre visible le paysage in- térieur des sensations, des sentiments, des expressions sans tomber dans la représentation ou le mime ? J’utilise une approche qui vient de l’intérieur comme de l’extérieur. Quelquefois j’essaie de faire s’exprimer l’intime dans une action de danse que je dessine, d’autres fois je demande aux danseurs de trouver un souvenir, une expérience ou une sensation vécue comme source de leurs mouvements et cela déclenche une qualité expressive dans leur interprétation.
Quand est-ce que le mouvement apporte quelque chose à l’esprit et quand est-ce que l’esprit fait-il bouger le corps ?
Chaque danseur trouve son propre processus pour faire apparaître ce e qualité à priori transparente que je recherche.
Je cherche à créer avec ce e qualité mais pas à dicter une réponse émo- tionnelle spécifique au public, puisque personnellement je n’aime pas me sentir manipulé lorsque je suis specta- teur. Au contraire, j’espère laisser de la place à l’interprétation, à l’histoire et au jeu d’association propre à chacun.
Dans votre travail avec des danseurs en formation, que vous semble-t-il primordial de transmêtre ?
La première chose qui me vient à l’esprit, c’est la confiance. Que les danseurs soient persuadés que leurs mouvements sont regardables et que le processus d’une redécouverte continuelle du geste fait partie de
l’acte de danser. Il y a un risque car je ne leur apprends pas un mouvement physiquement, mais plutôt à entraîner leur esprit à jouer avec ces idées et bouger avec elles, a entifs au fait, que si nous sommes dans le «vrai», chaque fois sera un peu différente de la précé- dente. Je pense que l’engagement des danseurs dans le moment présent est ressenti par le public et cela n’a rien à voir avec l’improvisation. Nous cher- chons plutôt à écrire une chorégraphie en temps réel. Je souhaite questionner la notion de «live» dans les conven- tions qui régissent la représentation. Ce qui me passionne est de découvrir et regarder est ce qui est spécifique à chaque représentation.