Black Cold Burns
chorégraphie Stijn Celis
musique Bob Dylan
lumière Arnaud Viala
costumes Marion Schmid
création juin 2012
L’album “Time out of mind” de Bob Dylan fait apparaître des images suggérant la danse qui inspirent Celis.
« Avec cette création, je désire peindre une certaine communauté de gens, toujours en déplacement. Les danseurs ressemblent à des rockstars, expérimentant sans cesse de nouvelles choses et sont également toujours en déplacement. Bob Dylan est un titan, un poète chaotique. Sa dérision, sa colère et sa hargne sont formidables. »
Stijn Celis
Interview de Stijn Celis réalisée à quelques jours du nouveau programme composé du Ballet Junior de Genève, MIX5, qui aura lieu du 6 au 10 juin 2012.
– Pourquoi avoir choisi Bob Dylan pour cette nouvelle pièce ?
J’avais besoin d’avoir une trame narrative imposée sur laquelle je pouvais négocier des propositions subjectives. Je trouve que Bob Dylan est une personne, un artiste qui a eu une trajectoire assez particulière, c’est l’humain que j’avais envie de considérer.
– Comment s’est passé le processus de création ?
Beaucoup dans l’échange avec les danseurs. Je les ai laissé me faire des propositions, on a travaillé avec des improvisations, des consignes, des devoirs que je leur donnais. Une écriture est ensuite apparue, suffisamment malléable pour être assemblée. Comme des pièces détachées qui sont venues se retrouver dans cet espace. Un assemblage avec et entre ces gens.
– Tu travailles dans les plus grandes compagnies internationales, as-tu abordé de manière différente cette création avec les jeunes danseurs du Ballet Junior de Genève ?
J’adapte toujours ma manière de travailler au groupe de personnes que j’ai devant moi. Il doit toujours y avoir une nécessité artistique, une maîtrise chorégraphique que j’ai envie d’atteindre. Travailler avec des jeunes danseurs offre beaucoup de possibilités , ils sont comme des pages blanches ce qui n’est pas toujours le cas quand on travaille dans une compagnie où il y a un répertoire.
– Qu’est-ce que tu cherches quand tu choisis un danseur pour une pièce ?
Il y a d’abord un processus d’observation, j’essaie de cerner assez vite les qualités que j’aimerais voir dans la pièce, comme une sorte de mise en ordre du processus. Sur cette pièce pour le Ballet Junior la créativité des danseurs a été importante, je me suis intéressé à étudier comment je pouvais l’encourager et comment je pouvais pousser les danseurs à développer leur rapport avec la matière. J’ai choisi des danseurs qui avaient le potentiel de devenir des auteurs plutôt que de simples exécutants.
– En ce moment les jeunes danseurs de la première année du BJ font un travail sur l’interprète, quel est l’interprète dans la danse qui t’a le plus marqué ?
Je n’ai pas de nom en particulier mais je suis toujours extrêmement touché et en admiration par les gens qui arrivent à avoir des trajectoires singulières, des gens dont la danse fait partie intégrale de leur existence, quand toute la force physique et l’esprit est dédié à leur art. Il doit y avoir une nécessité de faire. Des rencontres, des mises en urgence permettent cela.
– Et toi quel danseur as-tu été ?
En tant que danseur j’étais très interprète pas vraiment auteur. J’ai été très inspiré par Pina Bausch ainsi que par ma rencontre avec Martha Graham à Florence. Ensuite, comme chorégraphe, j’ai senti que je devais définir ce qu’était ma voie et je me suis inspiré d’énormément de gens autour de moi. Il y a eu une cassure avec la danse classique, beaucoup d’allers et retours pour essayer de voir où je me situais entre ma formation classique et mon désir d’être plus contemporain. Je m’intéresse aussi beaucoup à la danse belge. Si je reviens à ce qui m’inspire je dirais que toute expression artistique est importante pour moi mais qu’il y a aussi la philosophie, la politique, le rituel social. Tout cela contribue au mouvement que l’on a vers l’avant avec la danse contemporaine, ce mouvement est pour moi extrêmement vital comme une manière d’agir sur notre histoire.
– Quels sont tes projets ?
La messe en si mineur de Mozart pour le Royal Swedish Ballet, une pièce pour Dancenorth (compagnie australienne) et Roméo et Juliette pour le Semperoper de Dresden.
– Si tu devais donner un conseil à un jeune danseur quel serait-il ?
Je n’aime pas donner de conseils car il y a beaucoup de choses, comme un amagalme… mais ce serait peut-être le conseil d’avoir un respect de soi-même ayant à voir avec le courage et la curiosité.
Interview de Stijn Celis par Patrice Delay, le 23 mai 2012